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Vol.05 Issue 06/05, 24.06.2005 |
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Text : Frédéric Martin Bernard / WSN-Paris. Photos : Copyright © 2005, fashionfreak. All rights reserved. All pictures taken at WSN / Paris.
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LA REVOLUTION FRANÇAISE DU JEANSLe jean français, une exception culturelle ?
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Révélateur des tendances, WHO'S NEXT anticipe, depuis 10 ans, les évolutions du consommateur en offrant une vision selective du marche urbain. En 2004 : 67 millions de Jeans vendus en France (source : Institut Francais de la Mode (IFM)).
A travers ce dossier WHO'S NEXT présente les multiples facettes du jeans. Plus qu'une
tendance, le denim est devenu un incontournable. Il représente aujourd'hui un marche
dynamique en pleine mutation avec l'apparition du phénomène denim de luxe et le succes
de la 'French Touch' en Californie. MYTHES ET RÉALITÉ
Les années et les modes ont beau passer, il suffit de quelques bribes et creations
originales pour parvenir à réécrire une belle histoire. LES TRUBLIONS FRANÇAIS Debut des années 70, les Girbaud et quelques autres intrépides commencent néanmoins à s'acharner sur la toile de denim. 'On n'a jamais cherché à imiter les Americains' se défend Francois Girbaud. 'Ils ont toujours taillé le Jeans basique mieux que personne. Mais après en avoir fait le tour, nous avons eu envie d'autre chose. A la laverie Saint-Jean avec Marithé, nous avons donc cherché comment transformer cette toile brute. Personne n'avait songé aux délavages et nous voulions lui donner un aspect vieilli avec des procédés industriels'. Ainsi, dans le sud de la France sous l'impulsion des Girbaud, toutes les laveries passent des programmes de blanchiment plus blanc que blanc aux experimentations sur les déclinaisons de l'indigo avec des pierres ponces. 'Tous les effets et traitements ont été esquissés durant cette période dans les arrières-boutiques de délaveurs, qui nous prenaient pour de véritables cinglés' poursuit Christophe Bosc, qui a débuté dans le jeans, puis poursuivi sa carrière dans le luxe, avant de revenir à ses premières amours comme consultant pour la société californienne Blue Concept, produisant des marques comme Yanuk ou Henri Duarte. 'Mais le marché n'était absolument pas prêt. Dominé par des leaders guère créatifs, il se contentait de produits Standards'. A travers les âges comme les modes, le secteur du Jeans a toujours eu cette fâcheuse tendance de prendre facilement le pli de se répéter. Es-ce dû à ses origines de simple vêtement de travail ? Toujours est-il qu'à cette époque, les leaders se limitent à exploiter le filon du cinq poches classique devenu à la mode. Et ne songent absolument pas à en faire un produit de mode se réinventant d'une saison sur l'autre. 75 EUROS MAXI
Côté consommateurs, chacun prend aussi le pli d'acheter son Jeans brut et de l'user
jusqu'à la corde, avant de le remplacer par un semblable, tout neuf et exactement à la
même taille.
La machine est parfaitement rodée. Lee, Levi's et Wrangler en tirent pleinement profit.
Jusqu'en 1981, le leader ne proposera que des modèles en toile brute, sans délavage aucun.
Rien ne sert de créer, le jeans se vend tout seul.
Aujourd'hui encore, une majorité des 67 millions de pièces vendues
annuellement en France, selon les derniers chiffres de l'Institut Français de
la Mode, sont des modèles sans fioritures ni créativité dans les textures
et délavages. 'Tout a été essayé dans les années 70 et 80', répète Christophe Bosc,
'mais nul n'est parvenu à imposer quelque chose de different. Le summum était de porter un
Levi's. C'étaient les plus chers et le grand public ne voyait pas l'intérêt de dépenser plus
de 500 francs (75 euros) pour un modèle différent d'une autre marque moins en vogue'. TUER LE PÈRE
Entre un jeans d'une marque française et son semblable sans label vendu en supermarché,
le consommateur finit par ne plus faire la différence à la fin des années 80. 'Il
prenait même l'habitude de les acheter â des prix toujours et encore plus bas' se
souvient Jean Elbaz, créateur de la marque Be you K en 1998 et styliste-consultant pour
de nombreux labels dont Corléone. PRÉMISSES D'UN RENOUVEAU 'Au début des années 90, le jeans traditionnel se vendait toujours, mais il ne cessait de perdre des parts de marché sans que personne ne comprenne bien pourquoi' rappelle Pierre Morisset. 'Seules les spécialistes, qui ont réagi sans délai, ont survécu. Il était nécessaire de réinventer le jeans, de le réinterpreter et de créer de nouvelles formes avec un autre fitting. Chez G-Star, nous avons eu l'idée de revenir aux origines et de lancer le Raw Denim : un nouveau Jeans taillé dans une toile ultra brute. Sauf que ce pantalon s'apparentait à deux cannes raides. Le résultat n'avait rien de sexy et nous a poussé a dessiner une coupe en trois dimensions, comme déjà portée. Ce modèle Elwood a été un des détonateurs d'un tout nouveau mouvement. Il a même été beaucoup copié'. A cette même époque, les Girbaud ont déjà traversé l'Atlantique depuis fort longtemps. Incompris et boudés par le Vieux Continent, ils ont été récupërés par la rue américaine et ressurgissent déjà avec des coupes extra larges inspirées du baggy. 'Dans cette période de grosse crise du denim, pas un fabricant français n'a pas songé à mettre la clef sous la porte' poursuit Pierre Morisset. 'Nombre se sont expatriés aux Etats-Unis dans l'idée de tourner la page. Mais ce metier, on ne le quitte jamais'. NOUVELLE VAGUE
Banalisé et réduit aux rayons de la grande consommation, le Jeans ne pouvait retrouver de
lettres de noblesses qu'avec le concours de leaders d'opinion.
A l'heure du minimalisme, des créateurs comme Calvin Klein et Helmut Lang commencent à
le remettre sur scène en changeant toute l'imagerie qui l'entoure. Avec une même approche
et une force industrielle en plus, des Italiens comme Diesel, Replay ou encore Energie le
retravaillent aussi en veillant a définitivement couper les ponts avec le mythe du cowboy
et son futal usé jusqu'à la corde.
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'Toutes ces actions ont permis de faire évoluer les mentalités' explique Christophe Bosc. 'Le consommateur a finalement accepté l'idée de payer plus de 100 euros pour un cinq poches. Ce seuil franchi, la créativité a obtenu d'autres moyens et était à nouveau libre de s'exprimer'. LE RETOUR DES FILS PRODIGES 'Le jeans créatif existe à nouveau aujourd'hui et il a de belles années devant lui' assure Jean Elbaz.'Il est passé par bien des vicissitudes. Tous ses protagonistes s'en etaient allés aux Etats-Unis en attendant que l'orage passe. Aujourd'hui, derriére toutes les nouvelles marques américaines, ce sont les décideurs, stylistes et techniciens qui, vingt à trente ans plus tôt, s'activaient pour des marques françaises'. Estampillés made in USA, les nouveaux labels Seven 7, Blue Cult, Antik Denim, Yanuk, Nudie, Corléone peuvent laisser croire qu'ils sont de purs produits issus de la culture américaine. Dans leurs gènes et leurs trames, ils ont surtout des racines de notre côté de l'Atlantique. En effet, derriére ces jeunes labels, ce sont tous les entrepreneurs qui, voici 20 à 30 ans, étaient à la tête des plus belles marques françaises de denim, produites dans le Sud de la France, du côté de Nîmes ou sur les rives de la Garonne. Concurrencées par des productions à moindres coûts, ces derniéres ont connu des années 80 et 90 très difficiles. Nombre d'entre elles ont même disparu. Même constat de Christophe Bosc, qui parle de 'vieux de la vieille aujourd'hui impliqués dans des business avec une portée beaucoup plus internationale'. De retour d'un voyage à L.A., François Girbaud s'amuse que 'tout le monde parle français dans ces sociétés américaines. Les modèles sont dessinés sur nos canevas. Souvent, ce sont de jeunes entrepreneurs, fils de vieux routards du jeans français, qui ont intégré en un temps record ce qu'un secteur a mis près de 40 ans à comprendre. Il y a encore 20 ans, on ne trouvait pas le moindre blanchiment en Californie, alors qu'il y en a aujourd'hui à tous les coins de rue'. JEANS D'ÉLITE
'Nul n'est jamais prophète dans son pays' glisse Pierre Morisset. 'Nous sommes dans
une époque avide de changements, de dépaysements et de cette sensation d'avoir été le
premier a découvrir quelque chose'.
Ainsi, tout nouveau label de Jeans est promis a des débuts florissants s'il presente une
originalité. Pour l'hiver dernier, la boutique Colette se targuait de l'exclusivité de pas
moins de cinq nouveaux labels de cinq poches. Chacun dans ses coupes, toiles tissées comme
d'antan, délavages et finitions à la main cherchent à rivaliser de différences. LA REVANCHE TRICOLORE
'Le Jeans français a de l'avenir' martèle Francois Girbaud en pionnier revenu de ses rêves
d'Amérique. 'Il flatte le corps, remonte les fesses, aplatit le ventre... Bref,
il fait envie'. Pierre Morisset voit surtout en ce nouveau cinq poches à la trame
bleu, blanc, rouge un nouveau porter pour séduire : 'c'est la tendance au petit cul
branché avec une vraie recherche sur la toile et les délavages'. Mais qu'ont-ils inventé
par rapport à toutes les recherches esquissées 30 ans plus tôt ? 'Savoir ressortir une
bonne idée au bon moment est une des bases de la création' souligne Pierre Morisset.
Nombre de ces nouvelles marques sont aujourd'hui présentes sur le Salon Who's Next.
Certaines sont basées aux Etats-Unis (Seven, Blue Cult, Joe's Jeans, Corleone), d'autres
en France (Revart, Biscote, Be you K, Bonaventure, Denim Studio, Le Temps des Cerises,
Redwood, Sessun). QUELLES SONT LEURS FORCES?
'Nous ne nous improvisons pas dans le denim' explique Benjamin Taverniti, fondateur de
la marque Revart en 2004 et fils de Jimmy Taverniti, fondateur d'une marque éponyme quelques
décennies plus tôt. 'Nous avons une véritable culture du produit et nous nous sommes lancés
avec le principal objectif de toujours chercher à nous différencier des grandes marques qui
ne savent produire qu'à grande échelle. Nous mettons au point de nouveaux traitements,
utilisons des pigments naturels et realisons des finitions artisanales qui permettent de
faire immédiatement la différence a l'oeil nu ou au toucher'. Bien que dans une fourchette
de prix inférieurs (de 100 à 130€ contre 150 à 250€ pour Revart), Le Temps des Cerises joue
également la carte de la différence. 'Nous avons débuté en 1998 avec l'idée de développer
une vision très française en contre-point du Jeans américain' explique
Gilles Richardière.'Nous mettons l'accent sur les qualités de toile, la coupe, les délavages
et les finitions, afin d'avoir notre propre identité et nous distinguer, tant des marques
italiennes que du denim américain classique'.
Legendes interviewées
FRANCOIS GIRBAUD
PIERRE MORISSET
CHRISTOPHE BOSC
GILLES RICHARDIÈRE
BENJAMIN TAVERNITI
JEAN ELBAZ
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Jeans fashion presente au
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